"Secrets d'Alcôve"

WILL & GRACE

Secrets And Lays - Secrets d'Alcôve
Episode 1X17
Date de diffusion originale: 23/03/1999
Ecrit par Dava Savel
Dirigé par James Burrows
Transcript par Cecile

 

Chez Will et Grace, dans le salon. Des monceaux de vêtements sont accumulés sur le canapé et la table. Will fait son sac et Grace apporte d'autres affaires, dont un petit sac bleu.

WILL: Grace, on va dans un chalet au milieu des bois. Je suis pratiquement certain que tu ne vas pas te servir d'un sac pailleté.

GRACE, après avoir longuement considéré le sac: D'accord. Je te le donne?

WILL, souriant: Grace... un sac pailleté avec un col roulé, non. Alors dis-moi, pourquoi on est obligés d'aller là-bas?

GRACE: Je te l'ai déjà dit, enfin, j'ai très envie de voir l'hiver. Ca va être génial! On va construire un bonhomme de neige et faire des trucs marrants avec sa carotte.

WILL: Ben voyons. On peut faire tellement de chose avec les légumes! Non, mais se taper tout un week-end avec Jack et Karen...

GRACE: Oh je t'en prie, ça risque d'être très intéressant, si on y réfléchit bien: Karen faisant corps avec la nature... et Jack coupant du bois!

(Elle mime un mouvement de bûcheron plutôt efféminé. JACK et KAREN arrivent, JACK chantant et KAREN tapant des mains en rythme derrière.)

JACK: Dans le chalet nous allons, et sur les skis descendons, les ours nous courent après, pour nous regarder de près. Yeah!

(KAREN lui tape dans la main et réciproquement.)

WILL: Votre attention s'il vous plaît, voici Tatie Jackie à la montagne!

(Il part vers sa chambre.)

GRACE, à Jack et Karen: Ecoutez-moi. Je fais ça pour Will et c'est sensé être un petit week-end sympathique, alors ne lui parlez surtout pas de Michael, ou le fait que demain ça devait être leur anniversaire. Rien de ce que vous allez dire ne doit lui rappeler ça.

JACK, prenant un objet sur la table basse: Oh, Will emporte son manchon!

GRACE, pointant sa bouche: Est-ce que je suis aphone?

JACK, prenant une écharpe sur le canapé: Oh, je peux emporter ça? Ca va faire ressortir la couleur de mes yeux.

GRACE: Non, non, c'est à Will et je suis sûre que ça lui ferait pas plaisir, c'est Michael qui lui a offert pour son anniversaire.

JACK, mettant sa main dans le bout de l'écharpe pour faire une petite marionnette, et prenant une petite voix: 'alut! Je suis cache-col! Je suis le cadeau que t'a donné ton petit ami avant de te quitter, et j'ai coûté 23 dollars!

GRACE, déroulant brutalement l'écharpe du cou de Jack: Eh, le sentimental! Qu'est ce que je viens de dire, imbécile?

JACK: J'ai entendu! Mais moi, personne ne m'a emmené en vacances quand j'ai rompu avec, euh... comment il s'appelait déjà? (A KAREN:) Poivre et sel, tatoué, barbu, Karen tu vois de qui je parle?

KAREN: J'en sais rien du tout mon coeur! Car ce genre de personnage on le retrouve absolument à tous les coins de rue!

(Elle se sert un verre de vin pendant que JACK essaie de retrouver le nom de son ancien petit ami en les énumérant sur ses doigts d'un air pensif.)

 

<OPENING CREDITS>

Avec:

Eric McCORMACK: Will TRUMAN

Debra MESSING: Grace ADLER

Sean HAYES: Jack McFARLAND

Megan MULLALLY: Karen WALKER

David SUTCLIFFE: Campbell

Paul Gutrecht: Le barman

 

 

Les quatres arrivent dans un petit chalet enneigé.

KAREN, ouvrant la porte: Allez allez, entrez tout le monde! Les filles logent en bas, les garçons en haut. (GRACE entre, portant des bagages visiblement très lourds.) Et, je vous prie de faire attention à mes bagages. Grace? Prends bien garde à toi, devant il y a quelques marches. (On entend GRACE s'étaler.) (Aux deux hommes derrière elle, leur donnant quelques billets:) Merci, voilà pour le dérangement.

WILL (les billets sont pour JACK): Mais Karen, ça va pas voyons, tu vas pas lui donner un pourboire!

JACK: Ouh, maman va avoir besoin d'un massage ce soir!

GRACE, revenant de la chambre et tapant sur le ventre de Will: C'est pas fantastique?

WILL: Ouais.

GRACE, regardant dehors: Ah, c'est incroyable, regardez, on est tout seuls, y'a personne aux alentours!

JACK: Et si on est tous pris au piège dans ce chalet, qui va-t-on manger en premier?

WILL: En tout cas, pas Karen; dans son corps il n'y a rien de naturel ni de comestible. (A KAREN:) Je le dis comme un compliment.

KAREN: Et je le prends comme ça, trésor.

JACK: Oh, moi je compte pas, je suis bien trop mince! (Il s'avance vers le plan de travail de la cuisine et s'allonge à moitié dessus.) Un petit bol de bouillon, c'est tout ce que vous tirerez de moi! Il faut plutôt une personne qui soit bien en chair, bien enrobée! (Il regarde WILL avec insistance.) Oh, Will! Je te ferais mijoter tout doucement, pour que la viande soit bien tendre.

(Il le pique avec une broche, WILL la repousse.)

GRACE: Eh bien je vous remercie, moi personne ne veut me manger?

JACK, WILL et KAREN, en choeur: Trop difficile à mâcher.

WILL, détachant un petit mot du réfrigérateur: Karen, est-ce que t'as vu ça? C'est une lettre du concierge: "Mr Le Cuisinier est mort."

GRACE: Qui est Mr Le Cuisinier?

KAREN: Mr Le Cuisinier?

GRACE: Votre cuisinier s'appelle Mr Le Cuisinier?

KAREN: Oh non évidemment Grace, il a un nom! Je ne m'en souviens pas, c'est tout. Non mais attends un peu, ça va me revenir, ça va me revenir... "Où sont passés mes oeufs... Paul!" Paul. (GRACE et WILL lèvent des sourcils exaspérés.) Oh non, Paul est mort? (Catastrophée:) Et maintenant, qui est-ce qui va cuisiner pour nous, hein?

WILL: Je crois que c'est la fin de la période de deuil.

KAREN: Attendez attendez, peut-être bien qu'en fait perdre ce cuisinier n'est en fait qu'un signe du destin! C'est moi qui vais cuisiner! (WILL est surpris et JACK enchanté.) Alors, vous les hommes vous allez chasser le gibier: il y a un élevage de poulets au bas de la montagne.

(Elle lance les clefs de la porte aux deux hommes mais JACK se recule d'un air dégouté. Les clefs tombent à leurs pieds.)

GRACE: Karen, les gays ne sont pas bons chasseurs.

WILL, ramassant les clefs: Excusez-moi, moi je préfère aller à la chasse aux mecs.

GRACE, à Jack qui est s'est affalé à côté d'elle sur le canapé: Jack, tu crois pas que ça serait une bonne idée si tu allais avec Will, comme ça il ne resterait pas tout seul.

JACK, clignant très peu discrètement de l'oeil: O-K...

WILL: Très bien, si Jack vient avec moi, je chasserai le phoque et il me servira d'appât.

(JACK, après avoir passé la porte, reviens et regarde WILL d'un air outré. Celui-ci sourit et ils partent.)

GRACE: Merci encore, Karen, de nous avoir invités à passer le week-end ici. C'est génial pour Will.

KAREN, s'asseyant sur le plan de travail de la cuisine: Aucun problème chérie, Stan devait conduire ses enfants chez leur vraie maman, mais comment s'appelle-t-elle déjà, attends une minute ça va me revenir... "Stan, conduis les enfants chez cette pétasse de... Cathy!" Cathy.

(GRACE hausse les sourcils et tourne les talons vers la chambre. Un jeune homme, CAMPBELL, rentre par la porte de derrière en portant des bûches.)

CAMPBELL: Bonjour, Mme Walker.

KAREN: Campbell, est-ce que c'est vous? Le petit Campbell? Bon sang, mais c'est dingue ce que vous avez grandi!

CAMPBELL: On s'est vus il y a trois mois pourtant.

KAREN: Ah.. eh ben, eh ben c'est parce qu'ici dans les bois tout paraît plus grand!

(GRACE entre et voit CAMPBELL, qu'elle semble connaître. Il lui tend les bras.)

GRACE: Campbell?

CAMPBELL: C'est pas vrai, Grace Adler?

GRACE, allant dans ses bras: Oh ça alors!

KAREN: Vous vous connaissez tous les deux?

GRACE: Oui, on se connaît du lycée.

CAMPBELL: On est allés voir Le Lagon Bleu ensemble.

GRACE: Oh mais oui c'est vrai, on avait été le voir!

KAREN, ironique: Vous aviez été voir Le Lagon Bleu!

GRACE: Campbell, mais qu'est ce que tu fais ici?

CAMPBELL: Un petit peu de tout, tu vois, je m'occupe des chalets, en hiver je skie, et en été je fais du vélo.

GRACE: Le grand air a l'air de te convenir. Ca te fait du bien. Oh oui, ça te réussit!

CAMPBELL: Toi, c'est l'air frais et le béton qui ont l'air de te faire du bien!

GRACE: T'es en forme!

CAMPBELL: Tu es en forme aussi!

GRACE: J'ai du mal à croire que tu sois ici!

KAREN, à Grace: Trésor, il est venu apporter le bois. A force de lui parler, il va s'incruster.

CAMPBELL: Oui, c'est vrai, il faut que je finisse ma tournée. (A GRACE:) Mais, tu veux qu'on se retrouve pour boire une bière?

GRACE: Oh, oui j'adorerais. Oh non, ça va être difficile, je suis venue avec des amis et nous avons prévu, euh, quelque chose.

CAMPBELL: D'accord, mais si tu changes d'avis je travaille jusqu'à minuit au Ed's Beachcomber. Le café de la vallée.

GRACE: D'accord. Je suis vraiment contente de t'avoir revu.

(Ils s'enlacent.)

CAMPBELL: Alors, à tout à l'heure. A minuit.

(GRACE acquiesce et il part. Elle à la fenêtre à le regarder.)

GRACE: Pourquoi on ne trouve pas ça dans un catalogue spécialisé?

KAREN: Oh, mais t'es malade ou quoi, tu devrais lui courir après, allez, vas-y!

GRACE: Non, ce week-end est réservé à Will, on est tous là pour lui.

KAREN: Seigneur, je n'arrive pas à y croire; on se retrouve toutes les deux coincées ici avec des mecs de la famille tuyau-de-poil... et toi tu laisses un mec apétissant comme lui franchir cette porte? Tu devrais y réfléchir à deux fois.

 

CUT TO:

KAREN mijote quelque chose dans un fait-tout. WILL, JACK et GRACE jouent au Scrabble.

WILL: Mais Jack, c'est pas un mot!

JACK: Ben, si, c'en est un.

WILL: Utilise-le dans une phrase.

JACK: Tous les matins, je... j'esbriffe mon petit visage avec de l'eau.

(Il fait le geste de se lancer de l'eau sur le visage, avec les mains positionnées à l'envers de "Just Jack".)

WILL: Tu esbriffes ton petit visage? Mais qu'est ce que ça veut dire?

JACK: Ben oui, j'esbriffe... j'esbriffe! (Il refait encore et encore son geste.) Les petites bulles du jacuzzi esbriffent mon corps. (GRACE est incrédule.) Regarde comment l'océan s'esbriffe joliment sur les rochers de la plage!

WILL: C'est pas parce que tu fait comme ça (Il refait le geste) que ça fait un mot!

KAREN: Je vais peut-être dire une bêtise, mais moi tous les soirs quand je prends une douche, je demande à mon mari de m'esbriffer le dos!

WILL: Non, c'est faux. Personne ne se fait esbriffer par personne parce que esbriffer ça ne veut absolument rien dire!

JACK: C'est incroyable ce qu'il peut être mauvais joueur!

KAREN: Oh ouais, m'en parle pas.

GRACE: Allez Jack, à toi de jouer.

JACK, faisant la moue: C'est vrai j'oubliais, c'est le "week-end de Will".

(GRACE décoche un coup de pied dans les tibias de JACK sous la table, qui s'indigne en poussant un "aaaoooaah!".)

WILL, plissant les yeux: Ca veut dire quoi ça?

GRACE: Euh, il veut dire débile. Oui, c'est un week-end débile et amusant; est-ce que tu t'amuses?

WILL, soupçonneux: Ouais...

GRACE, JACK et KAREN: Bon! Excellent! Bon! Génial!

WILL: "Sur-joué" disait le New York Times; "Quelconque et sans surprises", disait le Boston Globe! Non, ça aurait pas quelque chose à voir avec le fait que ça devait être notre anniversaire, à Michael et à moi ce week-end?

GRACE, JACK et KAREN: Non, absolument pas, pas du tout... mais pas du tout! (Silence devant les yeux incrédules de WILL.) Si, bon, d'accord, si, tu as raison.

WILL: C'est vraiment gentil, les amis, mais je vous assure que ce n'est pas très grave.

GRACE: Ecoute, Will, nous savions que tu risquais passer un mauvais week-end, alors on a pensé que venir ici avec toi, ça allait te changer les idées.

KAREN, qui entend la cloche du four sonner: Oh, ça c'est mon rôti!

WILL: Merci les amis. C'est pas que j'apprécie pas votre petit élan de pitié collectif, mais très franchement, je vous donne ma parole que je suis guéri concernant Michael.

(Il range le Scrabble.)

JACK, à Grace: Oh pourtant, c'était une si brave petite fissière.

KAREN, sortant son rôti: Ca y est, regardez! Mmm...

(GRACE, JACK et WILL se lèvent et approchent le rôti de plus près d'un air profondément dégoûté. Il n'est pas cuit.)

GRACE: Qu'est-ce que c'est?

KAREN: Un carré de boeuf.

JACK: C'est curieux, on dirait qu'il vit encore. Il est bien rouge, il a dû avoir chaud.

GRACE, peu convaincante: Karen, ça a l'air... super. Ca sent vraiment... ça sent vraiment. Euh... Will. Mais qu'est-ce que ça peut sentir?

WILL: Eh bien ça sent, euhh... ça sent la pizza.

JACK, se précipitant au téléphone: J'appelle tout de suite!

GRACE: Je vais nettoyer la table.

WILL, piquant dans le rôti: Je vais enterrer ça.

KAREN: Mais ça va pas?

 

CUT TO:

Après le repas. WILL et GRACE font la vaisselle, JACK et KAREN ne font rien. [Ca vous étonne?]

JACK: Bon, eh ben moi je m'ennuie, je vais aller faire ma sieste disco.

(JACK va dans sa chambre.)

WILL: Même si vous n'avez pas arrêté de mentir, et aussi de me décevoir, et même si Karen est là, je me sens tout à fait à l'aise. Merci.

KAREN, chuchotant: Grace!

GRACE, à Will: Je t'en prie, si jamais il y a autre chose que je puisse faire...

WILL: Eh bien maintenant que tu le dis, il y a autre chose en effet, tu peux finir d'essuyer; je monte dans ma chambre!

GRACE: Tu es sûr que tu n'as pas besoin d'autre chose?

WILL: D'autre chose? (Prenant une voix jeune et niaise:) Mademoiselle Adler, de tous les guides de ce camp de vacances vous êtes ma préférée.

(Il sort.)

KAREN: Oh c'est dingue, il s'est quand même décidé à partir. Il est 11 heures, allez, va vite chercher tes affaires!

GRACE: Mais de quoi tu parles?

KAREN: Mais trésor, il est presque minuit! C'est l'heure pour Cendrillon de se transformer en petite coquine de montagne!

(Elle chatouille GRACE.)

GRACE, se dégageant: Et toi, tu voudrais pas te transformer en statue?

KAREN: Grace, il est 11h30 [C'est bizarre, deux minutes avant il était onze heures?!], Campbell va finir son travail dans une demi-heure, tu veux pas savoir s'il est aussi bon qu'il en a l'air?

GRACE: Mais tu penses à Will?

KAREN: Mais enfin quoi, Will? Laisse tomber, Grace! Regarde, regarde la nature, les écureuils ont plus d'activité que tu n'en a!

GRACE: Ecoute, je sais pas; me jeter au cou d'un ex-petit ami alors que Will est en train d'essayer d'oublier le sien, ça n'a rien de tellement... Mais regarde, qu'est ce qu'ils se font les écureuils?

KAREN: D'accord, Grace, t'as raison, t'as raison; oublie Campbell, qui a besoin de lui ou qui a besoin de sa force, qui a besoin de la puissance de ses bras si musclés, de son regard perçant et pénétrant qu'il va poser sur toi, pendant qu'il va te plaquer contre l'évier et te renverser la tête en arrière avec brutalité... pas avec trop de brutalité... enfin si, avec de la brutalité!

GRACE: Attention, tu mets plein de buée sur les carreaux. Pourquoi tu vas pas te coucher?

(KAREN attrape la bouteille de vin sur l'évier et va se coucher. GRACE s'assoit près du feu.)

<PUB>

 

(JACK et KAREN sont en train de jouer au strip poker. JACK est en boxers et porte une grosse toque de fourrure russe. KAREN est en sous-vêtements.)

JACK: Attention, qui va avoir la main, cette fois-ci? Le spectacle va commencer!

KAREN: Oui ma grande, celui qui va perdre ce coup-là va être obligé de montrer son petit baggage personnel! (Silence.) Trésor? Pourquoi est-ce qu'on est obligés de faire ça?

JACK: C'est du strip-poker, on arrête pas tant qu'on est pas tout nu!

KAREN: Et alors, on....

JACK: Ben... on pourrait... euhh...

(Un bruit se fait entendre à la porte.)

KAREN: Ah! T'as entendu?

JACK: Oui.

KAREN: Oh mon dieu, trésor, mais... ah! mon dieu! T'as vu ça? Mais qu'est ce que c'est? On dirait une espèce d'énorme rongeur, ou quelque chose comme ça!

JACK: Je me demande ce que c'est! Ah! Mais il est là! Mais qu'est-ce que c'est que ce truc?

KAREN: Mais j'en sais rien, mais en tout cas ça revient vers nous!

JACK: Je prend la lampe torche!

KAREN: C'est curieux, j'ai jamais vu quelque chose de cette couleur dans la nature avant aujourd'hui.

(JACK pointe la lampe à la porte de derrière, sur le visage de GRACE, qui est aveuglée. Ils hurlent tous.)

KAREN: Ah, mon dieu, c'est ça un yéti?!

JACK, ouvrant la porte: Non. C'est une simple femelle blanche avec un casque en fausse fourrure.

GRACE, entrant et frappant Jack: Mais qu'est-ce que tu fais, tu m'as fichu une peur terrible!

JACK: Pardon, je suis désolé, on pensait que tu étais l'abominable femme des neiges!

KAREN: Alors, t'étais passée où? T'es sortie avec notre bûcheron?

GRACE: Oui. Et ce n'est pas la peine de le crier sur tout les toits, si possible.

JACK: Arrête d'être aussi négative! Quel est le problème?

GRACE: Quel est le problème? Tu veux savoir quel est le problème, c'est ça? Y'a un mec dehors qui a envie de moi, mais je ne suis pas avec lui parce que y'a un mec là-haut qui a besoin de moi! Je suis esbriffée si je le fait, je suis esbriffée si je ne le fais pas.

JACK: Attend. Tout d'abord, tu utilises ce mot d'une façon incorrecte. (KAREN acquiesce.) Deuxièmement, je voudrais savoir si je vais devenir tonton!

GRACE: Non, on a juste flirté. (KAREN et JACK font les mêmes mimiques de reproche.) D'accord, il a aussi passé sa main sous mon pull, mais c'est tout.

KAREN: Grace, tu sais, même avec Jack je suis allée plus loin que ça.

GRACE: Je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis longtemps, et cette fois tout est de ta faute, Karen!

KAREN, au bord des larmes: Tu sais, ça m'arrive aussi d'être susceptible... (Elle et JACK s'écroulent de rire.) (A JACK:) T'as fini, tu m'embêtes, j'essayais de me retenir de rire!

GRACE: Je vais me coucher. Très franchement, le Docteur Jivago portait mieux la toque.

(GRACE sort et JACK enlève sa toque, déçu et vexé.)

KAREN: Il faut vraiment l'aider. On va tout organiser pour que demain soir elle puisse voir Campbell.

JACK: Il y a un bar gay à très exactement 5 kms 200 au nord-ouest d'ici.

KAREN: Un bar gay ici?

JACK: Mon radar est infaillible.

(Ils se tendent les bras mais partent chacun de leur côté.)

 

 

CUT TO:

Le bar gay. WILL et JACK entrent. Il n'y a personne à part le barman.

WILL: T'es sûr que c'est un bar gay?

(On entend les première mesures de I Will Survive de Gloria Gaynor. Les deux hommes se regardent et WILL acquiesce.)

JACK: Allez, laisse-moi t'offrir un verre.

WILL: Merci beaucoup Jack. Très aimable à toi. Vingt dollars, ça va?

JACK: Pour un début.

LE BARMAN: Qu'est-ce qui vous ferait plaisir?

JACK et WILL, ensemble: Ca sera deux Grecs bien chauds!

 

 

CUT TO:

Le chalet de KAREN. GRACE et CAMPBELL sont en train de s'embrasser sur le canapé.

GRACE: Alors, avant qu'on aille plus loin, il faut que je te dise que je ne veux pas que ça fasse le tour de l'école. Je me présente en tant que trésorière, et si tu ne tient pas ta langue, y'a que l'équipe de foot qui votera pour moi.

CAMPBELL: Je peux le dire à Billy Wilcox?

GRACE: Je croyais que tu étais Billy Wilcox! Oh, bon...

WILL, frappant à la porte de derrière: Grace, ouvre-moi, j'ai oublié ma clef!

GRACE, qui se relève brusquement: Oh mon dieu!

CAMPBELL: Ton petit ami?

GRACE: Non c'est pire, c'est mon copain Will, il est gay, faut que tu t'en ailles! (Elle pousse CAMPBELL dehors.) Reste ici, sous le porche!

(GRACE a beaucoup de mal à fermer la porte.)

WILL: Gracie?

(Elle se précipite à la porte de derrière mais a du mal à l'ouvrir.)

GRACE: Salut!

WILL: Salut.

GRACE: Qu'est-ce que tu fais à la maison, ça va?

WILL: Ca va, mais pourquoi rester dans un bar quand je peux être ici avec toi! Ben t'es bien rouge, t'es malade?

GRACE: Oh, oui, oh oui je crois que je suis contagieuse, tu vas pas pouvoir m'approcher ce soir. (Elle le pousse dehors et referme la porte.) Bonne nuit.

(Elle court vers l'autre porte mais WILL refrappe. En riant, elle retourne ouvrir à WILL, qui rentre.)

WILL: Oui, t'es drôlement bizarre. T'as pas mangé la cuisine que Karen a fait, j'espère? J'étais pourtant sûr d'avoir tout jeté dans le lac tout à l'heure.

(Trois petits coups à la porte du fond.)

WILL: Oh mince, ça recommence, et cette fois c'est pour moi.

GRACE, l'arrêtant: Ne réponds pas. C'est probablement une bourrasque, ou bien une pomme de pin qui a cogné contre la porte trois fois de suite et très vite.

WILL: Mais enfin de quoi tu parles? T'es folle. A mon avis ça doit être Jack.

GRACE: Alors, tu sais quoi? T'as qu'à te le faire.

WILL: Non merci! (Il ouvre la porte.) Jack, est-ce que...

CAMPBELL: Bonsoir. (A GRACE:) Au cas où t'aurais oublié, on est en hiver.

WILL: Excusez-moi, je vous ai peut-être dérangés?

CAMPBELL: Oui, et je crois que je ferais mieux de partir.

(Il attrape son manteau et repart.)

GRACE: Je suis désolée, Campbell.

CAMPBELL: Tu me vois bouger, pourtant, je sens plus mes jambes.

WILL, refermant la porte: Grace, qu'est-ce qui se passe avec ce beau bûcheron?

GRACE: Je suis désolée. Je suis tombée par hasard sur lui hier, et voilà, voilà c'est arrivé, et ce n'était pas prévu, je t'assure.

WILL: T'es tombée sur lui par hasard hier? Et, pourquoi tu me l'as pas dit?

GRACE: Je ne voulais pas te faire de peine, c'est tout.

WILL: Mais pourquoi tu veux que ça me fasse de la peine?

GRACE: A cause de ton anniversaire avec Michael, je sais que tu es encore sensible de ce côté là...

WILL: Sensible? Alors tu crois que je suis si seul et si angoissé que je peux pas supporter que ma meilleure amie sorte avec un type, c'est ce que tu crois?

GRACE: Mais non, non, c'est uniquement parce que je veux te protéger, c'est tout.

WILL: Mais enfin, je n'ai pas du tout besoin de toi pour être protégé de l'abominable homme des neiges! Je t'ai dit que tout allait très bien.

GRACE: Je sais Will, mais tu dis toujours que tout va très bien.

WILL: Parce que tout va très bien! Tu crois que ça m'intéresse de savoir avec qui tu couches? Je me fiche de savoir avec combien de types tu t'envoies en l'air! 2, ou 6, ou 9, ou 11, ou 25 mecs différents!

GRACE: Là, t'en connais un peu plus que moi.

WILL: Non, ne sois pas inquiète pour moi. Je t'assure que je vais bien, en fait je vais plus que bien. (Il hurle.) Je vais parfaitement bien!

GRACE: Alors pourquoi tu cries comme ça?

WILL, hurlant toujours: Parce que je vais pas bien! (Il se calme et s'assoit.) Michael me manque. C'est dur, mais c'est comme ça.

GRACE: Je sais. Et je compatis à ça, c'est pour ça que je t'ai fait venir ici.

WILL: Et tu vois, y'a une chose qui me tue.

GRACE: Laquelle?

WILL: C'est que, si une pauvre névrotique telle que toi arrive à avoir une vie amoureuse, alors là...

GRACE: Là, je sens que ma compassion diminue.

WILL: Non, non, non, m'enfin tu vois, si tu arrives et que j'y arrive pas, ça veut dire quoi pour moi?

GRACE, s'asseyant: Will, c'est rien! Ca veut uniquement dire que... j'y suis arrivée la première.

WILL: C'est vrai. Et je suis ravi pour toi. Et je trouve ça génial. J'ai juste du mal à... comprendre comment une fille dérangée comme toi a pu y arriver.

GRACE: Il me semble qu'on a déjà parlé de ça plusieurs fois.

WILL: D'accord, non, non, c'est génial, je... peut-être que je devrais me forcer à être un peu... dérangé.

GRACE: Je crois que tu es déjà en bonne voie.

WILL: Oui.

 

CUT TO:

Appartement de Will et Grace. Ils sont assis sur le canapé.

WILL: Qu'est-ce qui s'est passé ensuite?

GRACE: Ensuite, on s'est embrassés pendant un long moment...

WILL: Son haleine?

GRACE: Parfaite. Il s'était brossé les dents, mais pas juste avant, alors c'était pas un de ces baisers dentifrice...

WILL, la coupant: Ouais, bon, baratine pas, viens en au fait.

GRACE, se levant: Je vais aller me coucher. Je te dirai le reste de l'histoire demain.

WILL: Waoh, c'était si bien que ça?

GRACE: Non, mais ça n'arrive pas très souvent alors je fais durer le plaisir. Tu tiendras le coup?

WILL: Je vais bien.

(GRACE va dans sa chambre. WILL retrouve l'écharpe que Michael lui a donnée, l'enroule autour de son cou et sourit.)